QUELLES TERMINAISONS POUR MON EMMAGASINEUR ?
Sur un emmagasineur, la terminaison désigne l'accessoire présent sous l'emmagasineur ou au-dessus de l'émerillon qui permettra d'attacher ces 2 éléments sur le pont et à la drisse. Faisons le point sur les différentes configurations.
Les terminaisons habituellement disponibles pour les emmagasineurs sont multiples:
- Manille
- Manille de mouflage
- Mousqueton
- Mousqueton Tylaska
- Poulie de mouflage (avec son émerillon)
- Réa à friction pour palan 2 :1 ou 3 :1
- Œil à transfiler (ou lashing)
- Manille textile
Selon la configuration de votre bateau, votre utilisation de l’emmagasineur, et votre programme de navigation, le choix des terminaisons peut varier.
La plupart des fabricants proposent un modèle standard qui correspond à la configuration la plus demandée. Pour autant, si la configuration standard répond habituellement à 80% des cas, vous devez veiller à bien faire partie de cette majorité d’utilisateurs.
Les critères de choix :
Polyvalence : Si vous utilisez un emmagasineur pour une seule voile, le choix des terminaisons pourra être simple. Si par contre vous utilisez plusieurs voiles avec un seul emmagasineur, vous allez devoir y réfléchir à 2 fois et ne surtout pas hésiter à demander conseils au fabricant. Si vous utilisez par exemple un emmagasineur pour un code 0 et une trinquette, vous utiliserez sûrement 2 drisses différentes et 2 points de fixation différents sur le pont. Il va falloir trouver alors une ou des terminaisons qui vous permettront de mettre en place et d’utiliser ces 2 voiles le plus simplement et le plus efficacement possible.
Fixe ou amovible : Certaines terminaisons sont amovibles et d’autres sont fixées et définitives. C’est habituellement le cas par exemple d’un œil lashing. Si vous commandez un emmagasineur avec un œil lashing vous ne pourrez vraisemblablement pas le remplacer à court ou long terme par un mousqueton sans une intervention technique du fabricant.
Facilité de mise en œuvre : Toutes les terminaisons ne se mettent pas toutes aussi facilement en place. Vous devrez bien comprendre le mécanisme d’attache à l’emmagasineur (fixe ou amovible tel que décrit dans le paragraphe ci dessus) et celui pour fixer l’emmagasineur au voilier. Un mousqueton haute résistance est par exemple fixé à l’emmagasineur avec un axe sécurisé et une goupille. Si vous avez besoin à un moment ou à un autre de démonter ce mousqueton pour y mettre une autre terminaison (poulie 2:1 par exemple), vous aurez besoin d’un peu de temps et peut être d’outils. Aucun problème si vous devez réaliser cette opération une fois par an mais bien plus problématique si vous devez faire cette manipulation plusieurs fois par jour ! Certains petits détails vous simplifieront grandement l’utilisation de votre emmagasineur : axes rapides, axes imperdables, …
Stabilité : Un emmagasineur stable est un emmagasineur qui ne tourne pas sur lui même lors des phases d’enroulement, de déroulement et de navigation. La plupart du temps, une tension suffisante dans la drisse suffit à stabiliser l’ensemble. Toutefois une terminaison large telle qu’un réa a friction « demi lune » aidera à la stabilité générale.
Réa à friction 2 :1 > Largeur = 2 à 3 cm :
Réa à friction 3 :1 (dit demi lune) > Largeur = 6 à 7 cm
Charge de travail : Toutes les terminaisons ont leurs propres capacités à tenir des charges. Il est d’usage de fournir des terminaisons qui soient cohérentes avec la charge de travail de l’emmagasineur. Un emmagasineur de 5 tonnes (charge de travail) doit être équipé de terminaisons pouvant supporter cette charge. Aucun fabricant ne propose un emmagasineur de 8 tonnes avec un mousqueton standard car aucun mousqueton (de taille raisonnable) ne pourrait tenir une telle charge. Voici à quoi ressemblerait une manille de 12 tonnes sur un emmagasineur de 12 t de charge de travail. En croisière, il est assez rare d’arriver en limite d’utilisation de votre matériel mais cela est plus fréquent en régate où il faut donc être particulièrement attentif à la qualité des terminaisons fournies.
Orientation : Toutes les terminaisons sont fixes et ne peuvent pas tourner sur elles-mêmes pour ne pas perturber le fonctionnement de l’émerillon. Assurez-vous que l’orientation de votre terminaison pourra être modifiée de 90 degrés pour s’adapter parfaitement à votre voilier. Certaines terminaisons peuvent être modifiées par vous mêmes et d’autres non (ou plus ou moins facilement).
Prix : Des terminaisons spécifiques ou customs peuvent être assez chères. Le prix est donc également un facteur de choix que chacun évaluera en fonction de ses moyens et de ses exigences. Il est difficile de comparer une manille de mouflage standard avec un réa à friction 2:1 en inox ou en titane usinée dans la masse. Dans certains cas, la manille de mouflage sera amplement suffisante, dans d’autres son utilisation est simplement dangereuse.
Revenons sur les différentes terminaisons avec quelques informations complémentaires :
Manille: Montée en standard sur la plupart des émerillons jusqu’à 5 tonnes de travail, la manille permet de connecter et déconnecter sans trop de difficulté l’émerillon de la drisse. La drisse peut être munie d’un mousqueton pour faciliter la manoeuvre mais le montage habituel est un noeud de chaise ou une épissure sur la manille. Dans ce cas, celui-ci ne doit pas être un mousqueton à émerillon afin de garantir le bon fonctionnement du système.
A noter qu’une manille simple peut également être installée sous la tourelle en remplacement d’un mousqueton.
Mousqueton : Également monté en standard sur la plupart des tourelles du marché. Le mousqueton permet de connecter/déconnecter le système du pont rapidement. C’est un accessoire économique, fiable, rapide et polyvalent.
Mousqueton Tylaska : Le mousqueton Tylaska est un des seuls mousquetons du marché capable de tenir une charge de 8 tonnes et parfois plus. C’est une terminaison toutefois habituellement chère, encombrante et peu polyvalente. Le mousqueton Tylaska peut également être ouvert sous charge.
Manille de mouflage : La manille de mouflage a plusieurs avantages. Elle permet d’étarquer avec un palan 2:1. Plus compacte et plus large que la poulie de mouflage, elle n’est pas équipée d’un roulement (il s’agit donc d’un réa à friction). La manille de mouflage est un produit forgé en série, ce qui lui permet d’être moins onéreuse qu’une poulie ou un réa à friction. Elle peut être installée sur l’émerillon ou la tourelle. La manille de mouflage est déconseillée pour les emmagasineurs utilisés sur leur plage haute, du fait de leur charge de travail moins importantes que les charges acceptées par l’emmagasineur.
Poulie de mouflage : La poulie de mouflage permet d’étarquer le guindant de la voile, par la création d’un ou deux brins supplémentaires (selon que la poulie soit utilisée pour créer un palan 2:1 ou 3:1). Elle peut être installée sur l’émerillon ou sous la tourelle. Selon la voile et votre taille de bateau, il est conseillé ou non d’utiliser une poulie de mouflage.
La poulie de mouflage est fortement conseillée pour toute trinquette utilisée sur emmagasineur. Pour plus d’info, nous vous invitons à consulter notre article dédié au sujet: Dois-je installer une poulie de mouflage ?
Réa à friction (2:1 ou 3:1) : Le réa à friction a la même fonction que la poulie de mouflage. Cependant (et comme son nom l’indique), la différence se situe dans l’absence de roulement. Ces terminaisons sont donc plus compactes, mais aussi plus génératrice de friction à l’étarquage. Cela permet de maximiser les longueurs de guindant, et donc de fabriquer des voiles plus grandes.
Le réa à friction est généralement installé en terminaison de tourelle. Le réa friction 3:1 présente également l’avantage d’un rayon plus important, ce qui permet un couple plus important, et donc facilite la prise de tension par l’utilisateur.
Manille textile: La manille textile présente l’avantage de pouvoir connecter et déconnecter l’emmagasineur facilement au pont, sans outils (démanilleur), tout en permettant une articulation plus souple qu’un composant métallique. Son installation est conseillée sur une terminaison type «oeil à transfiler», qui aura pour caractéristique des bords arrondis garantissant sa longévité.
Œil à transfiler: Proposé en standard sur la plupart des emmagasineurs au delà de 5 tonnes de charge de travail. L’avantage de l’oeil à transfiler est de permettre une articulation à 360° du système, et donc des efforts répartis au maximum sur l’ensemble du système. L’oeil à transfiler est également un choix privilégié par les équipes de courses pour la fixation des emmagasineurs structurels.
MANILLE + MOUSQUETON
Comme vous pouvez le constater, les configurations sont nombreuses et il peut être facile de s’y perdre. Pour tous les « petits » emmagasineurs, la configuration manille + mousqueton est la plus courante avec le meilleur rapport qualité prix. Au delà de 5 ou 8 tonnes de charge de travail, notre meilleur conseil est de vous rapprocher d’un professionnel ou du fabricant qui saura vous donner les bons éléments de choix en fonction de votre voilier, de votre programme, de vos attentes et de votre budget.
Article rédigé par Nicolas COMBY & Tanguy de LARMINAT (MAJ Mai 2021)